Feuillets noircis, poésies patoises, Jules Mousseron - 1927

Extrait de la première page :

"Cher patois du Nord ! La première fois qu'une parole rythmée me parvint aux oreilles, ce fut, j'en suis sûr, dans ce langage, lorsque ma mère, penchée sur mon berceau dont elle accordait le léger roulis avec la cadence des syllabes, me chanta la douce chanson populaire :

Dors, min p'tit quinquin,

Min p'tit pouchin,

Min gros rojin !

Te m'fra du chagrin

Si te n'dors pas s'qu'à demain

Je ne comprenais pas encore le sens des mots, mais j'en sentais déjà délicieusement la caresse ; et dès lors, sans m'en douter, j'apprenais de ce naïf refrain à croire qu'il n'y a rien de meilleur au monde pour endormir la douleur humaine que de faire, sur les humbles réalités de la vie, fleurir l'enchantement des beaux rêves."